Qui sème la violence…
On a trop souvent tendance à réduire les violences en temps de manifestations ou de crise à des exercices gratuits et défouloirs de destruction. Pourtant, ce que je qualifierai ici d’« émotions », et que l’on voit lors de certaines manifestations lycéennes comme à Nanterre ce matin, ne traduit qu’un sentiment énorme d’injustice.
Taux de chômage faramineux, discriminations, ghettoïsation, ne peuvent amener qu’à une prise de recul évidente vis-à-vis du type de manifestation traditionnel, en décalage complet avec la situation de détresse que connaît cette frange importante de la jeunesse. À la violence d’un univers impitoyable, cette jeunesse ne peut répondre qu’avec violence. Et le détonateur perpétuel des éruptions de violence sont les forces de l’ordre : émanation de la violence d’Etat instituée par Sarkozy. Un gouvernement qui expulse les roms « manu militari » de son territoire peut-il s’attendre à être accueilli avec des bouquets de fleurs à Nanterre ?
Nous ne pouvons pas rejeter ces mouvements de violence d’un revers trop facile de la main. Il n’est certes pas question dans ces mouvements que des retraites, mais comment s’en étonner ? Entre racisme, affairisme, ultralibéralisme, incompétence, on en finit de plus en plus par se demander en quelle année et à quel endroit on se trouve !
Les émotions manifestées à Nanterre, Evry et bien ailleurs n’ont certes pas la forme que l’on aimerait qu’elles prennent, mais elles existent. Laissons à la droite le privilège de les condamner, et efforçons-nous plutôt de les comprendre. Bien sûr ces jeunes ne sont pas syndiqués, bien sur ils ne déposent pas leurs parcours de manifestation à la préfecture, mais comment les en blâmer ? Il s’agit ici de la responsabilité de la gauche, d’une part de les avoir en grande partie abandonnés et d’autre part d’être incapable de faire naître chez eux l’espoir d’une société meilleure. Ce n’est ni à coups de gaz lacrymogènes ou de flash-balls, ni à grands renforts de plans vides, de sens et de moyens, pour les jeunes (que cela vienne de Fadela Amara ou de la gauche), que l’on jugulera cette violence. Il faut inventer une autre société, et pas colmater des trous qui deviennent des cratères, il faut une gauche nouvelle, sociale, inventive et courageuse, ancrée dans un XXIème siècle qui n’est plus ni le XXème ni le XIXème siècle.
Quant à la responsabilité de la droite, elle est énorme, car les émotions manifestées lors de ce mouvement de défense des retraites ne traduisent qu’un besoin de droit. Et un gouvernement qui n’écoute pas son peuple, ne doit surtout pas s’attendre à le gouverner complètement.
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18 octobre 2010 à 6:20
quelques chiffres:
1) les 5 catégories confondues, il y a 5 millions de chômeurs (et presque autant de précaires)
2) l’ INSEE recense 8 millions de « pauvres » (moins de 950 euros/mois)
3) 55 pour cent de ces 8 millions de « pauvres » ont moins de 35 ans…..ça fait donc 4,4 millions de personnes….