Un samedi chez Saint-Just

Publié le Mis à jour le

Blérancourt, le 30 octobre 2010.

La centaine de kilomètres qui sépare Arras de Blérancourt, et qui séparait il y a plus de 200 ans Robespierre de Saint-Just, est une longue succession de champs cultivés, identiques à s’y méprendre à ceux que l’on croise en Artois, en Flandre ou en Picardie.

Blérancourt se trouve dans l’Aisne, terre fertile en illustres révolutionnaires : Saint-Just, Desmoulins, Condorcet ou bien encore Baboeuf. 1200 habitants environ, guère plus qu’en 1789, pour ce gros village qui n’a que peu souffert des altérations du temps. Ainsi, lorsque l’on arrive devant le portail de la maison qu’habitait Saint-Just, on s’imagine sans peine la vue qu’il pouvait avoir sortant de chez lui, alors que se fissuraient les murs parisiens de la Bastille.

Il n’y a pas de personnage plus romantique que Saint-Just. Archange de la Révolution, personnage mythique, qui de quelques mots abat la monarchie multiséculaire : « Un roi ne peut pas régner innocemment ». Il y a quelque chose en lui d’un James Dean, une icône dont le passage est aussi bref que remarqué et remarquable.

Alors quand on franchit la porte d’entrée de cette maison, on ressent forcément une partie du poids de l’histoire.  Non pas le poids lourd qui accable, mais celui plus subtil qui ne se sent que le temps d’un frisson. C’est qu’il fait partie de ces symboles qui personnifient en leur nom une grande partie de la Révolution, au même titre que Robespierre, Marat et Danton.

Dans cette maison tapissée des citations, plus ou moins célèbres, de Saint-Just, on découvre l’univers épuré de sa demeure. Chaque salle dispose de sa propre borne interactive retraçant les épisodes de la vie de Saint-Just. Extrêmement bien pensée, dynamique, interactive, la maison Saint-Just est un véritable succès. Loin de certains écomusées au look vieillot, au contenu assommant, on rentre dans cette maison, pour un interlude d’une heure dans la vie de Saint-Just.

Et puis on repart, dans la ville de Robespierre, plus de 40000 habitants, dont la maison n’est  qu’un musée du compagnonnage. Et puis l’on pense à la réforme des retraites que le gouvernement vient d’imposer, alors même que des millions de personnes sont sortis dans la rue pour la dénoncer.

Et puis, et puis…

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4 réflexions au sujet de « Un samedi chez Saint-Just »

    Marles a dit:
    30 octobre 2010 à 7:33

    Et puis on compare Robespierre, Saint-Just à Chérèque et à Thibault et on se dit qu’il y a un problème 😦

    Rodolphe DUMOUCH a dit:
    30 octobre 2010 à 8:08

    Blérancourt, ce n’est pas si loin de Ribemont, village de Condorcet ! La différence est que le village de Saint-Just est en plein openfield, tandis que celui de Condorcet est à l’orée du bocage thiérachien… L’un est un système spatial collectif, l’autre lié à l’individualisme agraire (à ne pas confondre avec l’égoïsme).

    Je ne suis pas sûr, toutefois, que’ « une longue succession de champs cultivés, identiques à s’y méprendre à ceux que l’on croise en Artois, en Flandre ou en Picardie ». Les soles ont disparu (au lieu d’avoir des blocs de cultures, on a une mosaïque ; ou au contraire, dans certains lieux, de la monoculture à perte de vue). les parcelles sont, aussi, géométriquement réorganisées : les finages – circulaires souvent à l’origine – ne sont plus visibles et les remembrements ont créé des angles, des rectangles et des carrés. Les bois relictuels ont disparu. Sur les cartes de Roger Dion, on les voit encore, surtout à l’emplacement de l’ancienne, au nord de notre chemin entre Robespierre et Saint-Just.

    Rodolphe DUMOUCH a dit:
    30 octobre 2010 à 8:10

    Excuse, j’ai un coup de pinard dans le nez. Dans la derière phrase, je voulais dire « surtout à l’emplacement de l’ancienne FORÊT d’ARROUAISE, au nord de notre chemin entre Robespierre et Saint-Just. »

    Alexandre Cousin a répondu:
    30 octobre 2010 à 8:25

    Merci Rodolphe pour ces précisions géologiques, qui corrigent un peu mes raccourcis historico-littéraires. 🙂

    C’est clair que de revenir de la maison de Saint-Just pour entendre Chérèque à la radio parler des retraites, avec un air entendu, ça laisse pantois.

    Mais bon…

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