Primaires du PS, qui a dit nucléaire ?
Ca y est, la grande foire des primaires
citoyennes socialistes est lancée.
Le premier débat qui s’est déroulé ce jeudi 15 septembre laisse présager le pire. Défendant des projets étriqués, souvent franco-français, argumentant à coups de croissance (dont le principe n’est absolument pas remis en cause) retrouvée, tout droit sortis pour certains de vieux documentaires sur la IIIème République, nos six acteurs se sont efforcés de convaincre.
Personnellement, cela m’a convaincu de ne pas aller mettre un pied dans les bureaux de vote que le PS ouvrira les 9 et 16 octobre, pour que l’on choisisse SON/SA candidat-e.
Sur la forme déjà, le choix du terme « primaires citoyennes » est d’une prétention telle, que je ne développerai pas plus ici les raisons évidentes qui font de ces primaires, celles (et c’est déjà beaucoup) des socialistes. À moins, et je suis preneur, que l’on m’explique que PS+PRG = Primaires citoyennes.
Mais là n’est pas le plus important, tant sur le fond, certaines propositions (ou non-propositions) montrent le fossé qui sépare le PS de l’écologie notamment.
Sur le nucléaire, la répartition au PS est assez simple. Les femmes candidates sont pour la sortie du nucléaire, les hommes sont contre. (Je ne ferai pas de tentative d’explication psychanalytique de cette division hommes/femmes.)
La palme de la déclaration la plus « bayrouesque » sur le nucléaire durant cette soirée est à remettre à Arnaud Montebourg : « (En matière de réduction), on fera le plus possible de ce qu’on pourra faire, parce qu’on ne sait pas combien ça coûte. » Cela s’appelle le courage politique, fuyons.
Quant à la proposition la plus « sexy », elle vient du très « rutilant » François Hollande : « Ce qui s’est passé à Fukushima a forcément des conséquences, il faut une sécurité absolue (…) Il faut descendre de 75 % à 50 % d’énergie produite par le nucléaire en 2025. » En entendant cela, les 70% de Français pour une sortie du nucléaire doivent être charmés. L’association dans une même phrase de Fukushima et de « il faut une sécurité absolue », pour dire, finalement, qu’il ne faut pas sortir du nucléaire est brillante, voire radioactive.
Ségolène Royal, quant à elle, fait dans la modestie coutumière qui la caractérise, et donne la leçon aux écologistes : « Je prône une sortie du nucléaire, que nous pouvons imaginer en 40 ans. Un bail beaucoup plus court n’est pas raisonnable comme le croient les écologistes. » Et oui, nous c’est bien connu, on ne pense pas, on croit. On développe des sortes de croyances mystiques que généreusement le Parti Socialiste vient corriger avec sa science de la réalité et du réalisme politique. Pour info, les écologistes sont pour une sortie progressive du nucléaire, contrairement à la caricature qu’essaient d’ébaucher les socialistes de l’écolo réclamant une sortie immédiate du nucléaire.
Enfin, vient la malheureuse et sempiternelle contradiction entre le discours et les actes. Pour le coup, s’il n’y a rien de neuf sous les pavés, Martine Aubry nous offre une magnifique illustration de cette contradiction. Elle est pour la sortie du nucléaire en 20-30 ans et le fait vertement savoir. Durant le débat elle demande sur ce point à Hollande d’être clair, ce qu’il n’a pas réussi à faire durant tous les échanges. Elle lui demande ainsi de dire aux Français si oui ou non il est pour la sortie du nucléaire. Gêné, puis inspiré, celui-ci lui pose la question de la construction de l’EPR de Flamanville.
François Hollande : « Qu’est ce qu’on fait sur l’EPR de Flamanville ? ». Aubry : « Et bien l’EPR de Flamanville, on le fait… » Hollande : « Ah… ». « Attends. Laisses moi terminer, excuse-moi. Il est en court, on attend une enquête de l’agence de sureté nucléaire. On ne fait pas le second ». Hollande poursuit : « Mais on le fait ou on ne le fait pas ? ». « Flamanville on attend. Je pense que tu ne répondras pas autre chose que moi. (…) Ça a déjà couté très cher, il faut qu’il y ait un débat public sur cette question », déclare Aubry avant d’ajouter : « C’était bien d’être clair sur ce sujet ».
En effet, c’est très clair. Aubry prône la sortie du nucléaire sans vouloir l’arrêt des chantiers de construction des centrales EPR actuellement lancés. Aubry est une sorte de fumeur prenant la résolution « pieuse » d’arrêter de fumer, avant de fumer une dernière cigarette. (qui s’avérera ne pas être la dernière)
C’est bien de vouloir voir naître la première génération de l’après-nucléaire, encore faut-il qu’ils ne voient pas le nucléaire « Xième » génération.
Allez, vous reprendrez bien un peu d’uranium, juste pour un siècle !
30 septembre 2011 à 1:30
salut alexandre,
belle prestation ce matin à la radio appréciée par mes proches et que je vais essayer de podcaster. à bientôt . jakk
8 octobre 2011 à 7:43
si je comprends ien, vous êtes pour la sortie du nucléaire TOUT DE SUITE. votre formule, c’est « non merci, pas d’uranium », donnez-moi une lichée de gaz Mr Poutine, passez-moi le pétrole chez Ahmadinejad ?
9 octobre 2011 à 11:11
Nous sommes pour la sortie du nucléaire en 25-30 ans, avec réduction des émissions de gaz à effet de serre. Je ne sais pas d’où sort le TOUT DE SUITE.
Voici par exemple le scénario de Négawatt :
http://www.sortirdunucleaire.org/index.php?menu=sinformer&sousmenu=revue&page=article&id=191&num=30