Robespierre délaisserait-il aujourd’hui les sociétés populaires pour Twitter ?

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Improbable et drôle de sujet pour un article sur Robespierre. En tous cas, c’est un sujet qui n’est pas scientifique pour un sou.

En fait, ça répond à une question d’un ami twitter, @DavidHecq. Cette interrogation, qui change radicalement des questionnements habituels et nécessaires sur le rôle de Robespierre dans la mise en place et l’escalade de la Terreur, faisait suite à des mises en doute que je faisais de l’outil Twitter. « Quelle aurait été l’attitude de Robespierre vis-a-vis des réseaux sociaux ?« 

Alors essayons nous à cela, en mettant de côté l’impossibilité scientifique et historique de transposer au présent des situations et des hommes du passé.

Ce n’est pas une réponse que j’escompte donner à cette question, mais plutôt des pistes à un possible débat, décalé assurément.

1. D’abord, Twitter et Facebook sont les outils de communication de l’instantané. Et, première élément, Robespierre n’est pas un homme qui aime la spontanéité non réfléchie des réponses et analyses. Et, qui utilise les réseaux sociaux pour polémiquer a déjà été pris de remords immédiats après une réponse non mûrie à une interpellation directe.  Le mode même de fonctionnement des réseaux sociaux induit une inévitable superficialité d’une très grande part de ce qui y est dit. La limitation du nombre de caractères autorisés accroît cette superficialité. Et en homme du XVIIIème siècle,  Robespierre ne diffusait dans ses journaux que de longs articles construits méticuleusement.

2. Les réseaux sociaux sont, et c’est le moins que l’on puisse dire, chronophages. On peut affirmer, comme je le fais, ne les utiliser que modérément, cela reste globalement et la plupart du temps beaucoup trop. Lorsqu’utilisés dans un but politique,  les réseaux sociaux ne se substituent jamais à la vie réelle et à une  véritable tribune publique. Rappelons que seuls nous « entendent » sur les réseaux sociaux « nos amis », ce qui reste dans tous les cas très peu. Et à la lueur de la suractivité, des événements à répétition, des périls que dénouaient les révolutionnaires de 1789, le temps était bien souvent l’une des choses qu’ils n’avaient pas en quantité suffisante.

3. La liberté totale et sans frein de la circulation d’information sur ces réseaux nécessite un travail de sélection sur les informations que l’on diffuse soi-même. Et là, il faut extrêmement initié pour ne pas diffuser, trompé par les intitulés, des informations pour le moins limites. Certains ne lisant que les titres des articles transmettent avec leur assentiment tacite des articles conspirationnistes, racistes, ou autres. La parade à cela, est soit de passer son temps sur les réseaux à analyser ou soit d’identifier un certain nombre d’utilisateurs des réseaux qui diffusent des informations pertinentes.

4. Facebook et les révolutions arabes. Facebook a été, sans conteste possible, l’un des outils utilisés pour la diffusion et l’explosion révolutionnaire, en Tunisie notamment. Mais ça n’est pas Facebook intrinsèquement qui est révolutionnaire. Et cet outil salutaire pour les peuples aspirant à la liberté, dangereux pour les gouvernements qui souhaitent les contenir, devient l’incarnation de la futilité lorsque la masse d’informations libérée inonde les réseaux.

5. Reste l’intérêt de cet outil pour la diffusion d’informations locales sélectionnées. Et véritablement Facebook permet d’avertir des manifestations locales qui souvent n’ont pas bonne presse (prenons l’exemple du réseau local Sortir du nucléaire arrageois), d’organiser des événements alternatifs, de pétitionner, etc. C’est cet aspect de ces outils sociaux qui aurait certainement plu à des révolutionnaires du type de Robespierre.

6. Robespierre sur Facebook et Twitter : C’est un nombre considérable de pages, de « fans », de twitters, du monde entier. C’est même un personnage complètement satirique qui publie des messages du type : « Il fait froid, faudrait une loi contre ça. », « Je me présente aux prochaines élections présidentielles. Vous êtes avec moi? », « J’ai rien à faire. Je vais polir ma lame. » ou encore « Dans Inception, y a un rêve dans le rêve. Bah moi je suis une révolution dans la révolution. J’ai la classe. ». Bref, on est dans le troisième degrés complet et c’est parfois assez drôle.

Enfin, Robespierre sur Facebook, c’est une autre manière de réclamer un musée dans sa ville de naissance et de jeunesse. Un musée Robespierre à Arras

Pour conclure, et encore une fois en supposant sue l’on puisse se poser cette question, quelle eût été la position de Robespierre à l’égard des réseaux sociaux ? J’imagine pour ma part Robespierre devant son clavier, incapable d’utiliser Twitter et son charabia de @ et de # , sceptique quant à l’utilité d’un tel réseau, et n’ayant surtout pas envie de perdre son précieux temps face à un ordinateur ou un téléphone portable. Robespierre, je le vois plutôt sur Mediapart.

Tout en ajoutant qu’au vu de la situation mondiale de crise écologique, sociale, morale, économique, c’eût sans doute été le cadet de ses soucis. Mais cela c’est une autre histoire.

Salut et fraternité

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