« Ecologiste » avant l’heure : Nicolas François de Neufchâteau (1750-1828)

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Archives départementales du Pas-de-Calais

1799 ou an VII de la République, Nicolas François de Neufchâteau envoie à tous les départements de France un courrier dans lequel il enjoint tous les administrateurs (actuels conseillers généraux) à replanter des arbres dans tous les territoires de France.

Le texte que je joins (et qui est à lire) est la conclusion de ce courrier, dans lequel il félicite 40 départements pour les actions d’ores et déjà enclenchées. (Pour information ni le Nord ni le Pas-de-Calais ne sont félicités)

Il se plaint en effet de l’état général des forêts qui ne s’est pas amélioré depuis 200 ans :

« Que n’avons-nous pas à faire dans ce genre ? Des 5 ou 6000 cantons qui composent la République, il en est près de 1000 qui ne sont pas ruraux, mais dont les chefs-lieux ont besoin de promenades, d’avenues et de vergers qui les entourent, les ornent et les enrichissent. Au nombre des cantons rustiques, il en est au moins 4000 dans chacun desquels on pourra planter facilement plus de 25000 arbres, si l’on veut en garnir les bords des chemins vicinaux, des rivières non navigables, des ruisseaux, des fossés, tous les terrains marécageux, les cimetières, les voiries, toutes les places vagues à l’entrée des communes, etc. »

Que dirait ce personnage en 2011 devant l’invasion du béton et du macadam, devant le pourcentage ridicule de forêts qui couvre notre territoire (7% dans le Nord-Pas-de-Calais en 1995), devant la pollution généralisée de nos sociétés, etc ?

De Neufchâteau qui parlait « des intérêts des hommes qui doivent exister un jour » en 1799, et plus de deux siècles après ces « intérêts » plus menacés que jamais : dérèglements climatiques, nucléaire, ressources épuisées, faim dans le monde, etc.

Les « avocats de la postérité » ont du travail !

Salut et fraternité

 

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2 réflexions au sujet de « « Ecologiste » avant l’heure : Nicolas François de Neufchâteau (1750-1828) »

    Rodolphe DUMOUCH a dit:
    6 avril 2011 à 7:48

    Attention ! La politique forestière colbertienne, poursuivie par la Révolution Française, était l’une des plus anti-sociales qui soient ! Elles visait essentiellement les petits usagers, ceux qui pratiquaient l’affouage, la pâture en forêt, dans le but de soustraire les biens des nobles (sous la royauté) puis des bourgeois (après la Révolution) à l’usage des villageois et des paysans sans terre ! Elle est à mettre dans le même sac que la Loi Le Chapelier et autres lois scélérates.

    Cette idéologie « écolo » fut à l’origine des révoltes des Demoiselles, des révoltes dites des « baliveaux » connues notamment dans les Ardennes ou encore des tableaux d’insoumission au code forestier peint dans Les Paysans de Balzac. Cette écologie-là est l’ancêtre directe des pseudo-écolos-bobos qui interdisent les bagnoles des prolétaires en centre-ville où ils vivent entre bourgeois.

    Je préfère largement les initiative concertées avec les habitants qui, au final, furent les plus belles réussites : Georges Fabre sur l’Aigoual, qui refusa d’appliquer de manière bornée le code forestier, fut un bien meilleur précurseur de l’Ecologie. Et aujourd’hui, le Parc de l’Aigoual est un témoin de cette réussite éclatante.

      Alexandre Cousin a répondu:
      6 avril 2011 à 10:15

      Bonjour Rodolphe !
      Je pense justement que ce personnage est en décalage avec les politiques héritées de Colbert. Il est plus dans l’incitation argumentée que dans la contrainte. Je te ferai parvenir si tu le souhaites l’ensemble de son adresse.

      L’interventionnisme durant la Révolution sur la question du bois a été une nécessité pour faire face à des besoins immenses : guerre, constructions, etc. Cette question est déconnectée de la nécessité de sauvegarder les générations futures, qui ici étonnamment est présente.

      Voilà pourquoi il est rare de trouver durant cette Révolution française (ici on en est d’ailleurs aux frontières) des textes, des paroles qui anticipent les problèmes environnementaux.

      Après, sur les propos réducteurs d’un héritage présupposé des «écolo-bobos» issu des politiques liberticides colbertiennes c’est autre chose… L’écologie ne peut pas se résumer à l’interdiction des grosses cylindrées dans les centre-villes (que ne possèdent pas les pauvres) et qui sont des mesures symboliques, pour ne pas dire superficielles.

      Quant à cette lutte sur le mont Aigoual et à Fabre, si tu as des choses n’hésite pas à m’envoyer. La proto-démocratie participative ça m’intéresse.

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